Année
2008
Auteurs
Abstract
Les groupes complexes de l’économie sociale, notamment les Sociétés d’Assurance Mutuelle (SAM), voient aujourd’hui coexister en leur sein clients et sociétaires. Cette évolution économique et juridique, considérée comme nécessaire au développement, a produit une augmentation relative du nombre des clients par rapport aux sociétaires, dans des proportions variables selon les entreprises. Elle a également été concomitante d’une diminution de la vigueur du sociétariat, liées aux évolutions sociétales, alors que les liens sociaux, le rôle des réseaux sociaux et territoriaux, les sentiments d’appartenance et de communauté, restent des caractéristiques et des actifs intangibles majeurs des groupes mutualistes. Dans une période où ces entreprises doivent s’organiser pour assurer leur développement et répondre à des contextes plus concurrentiels, cette situation soulève plusieurs enjeux qui ont été identifiés et analysés, en particulier pour les groupes mutualistes d’assurance, dans le cadre d’une recherche-action menée avec le groupe MACIF, partenaire fondateur de la Chaire Entrepreneuriat Social de l’ESSEC. Face à ces enjeux, un équilibre entre obligations et droits, cohésion interne et ouverture aux acteurs sociaux, relations internes et relations à des acteurs externes, est à trouver (dans le cadre juridique actuel), afin de mieux associer les clients au groupe et aux sociétaires et de renforcer la cohésion et la gestion groupe. Cette évolution peut passer par l’offre elle-même, par la gestion commerciale, par des actions sociétales ou par des actions d’animation du sociétariat, ouvertes aux clients, sans remettre en cause la gouvernance, dans une approche managériale globale. Il apparaît par ailleurs que le développement des attentes de performances sociétales, en termes de Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE) et de contribution à un développement soutenable (aux plans social, écologique et économique, en termes d’équité territoriale et de gouvernance), interfère directement avec la question sociétaires / clients / groupe complexe, dans une perspective mutualiste où la RSE n’est pas simple communication mais est intégrée à la stratégie de développement de l’entreprise. Le capital social auquel se rattache le sociétariat et son animation, est alors à conserver, à développer ou à redéployer, dans des arbitrages et des synergies avec les autres formes de capital (humain, naturel et économique). Cette approche de type  » sustainable business  » offre un regard pratique utile au projet et à l’activité à la fois politique et économique d’une société mutualiste. Des évolutions de l’organisation et des actions de lobbying semblent également nécessaires. L’analyse a été conduite dans le cadre d’une approche fondée notamment sur la théorie des parties prenantes, la théorie des ressources et les concepts de capital social, de responsabilité sociétale de l’entreprise, de développement durable et de  » sustainable business « .
SIBIEUDE, T. et VIDAL, R. (2008). Enjeux et perspectives du sociétariat des groupes mutualistes complexes face aux stratégies de développement à l’échelle groupe : quelques enseignements du cas du groupe MACIF. ESSEC Business School.