Année
2024
Abstract
La soma-esthétique proposée par Richard Shusterman est-elle un exercice spirituel ? Dans la philosophie antique, le corps joue un rôle déterminant comme compréhension du monde et comme moyen d’exercice spirituel, mais non sans ambiguïtés. Platon porte d’ailleurs une certaine responsabilité. Dans le Phédon, le corps nous détourne de la réalité et de la quête de la vérité, mais dans La République, l’importance du corps est soulignée dans la formation de soi. C’est plutôt la philosophie contemporaine qui s’approprie pleinement le corps à travers la pensée pragmatiste. Celle-ci rappelle que le corps constitue une dimension déterminante de l’identité de l’individu. Le corps n’est pas qu’un objet, il fonctionne « comme la conscience incarnée propre à un individu » souligne Richard Shusterman. Si le corps a pu dans l’histoire de la philosophie être relégué au statut d’instrument, le pragmatisme montre qu’au contraire il s’agit d’y porter une conscience attentive, car il est le médium le plus fondamental dans l’interaction avec l’environnement, et donc pour la perception, l’action, la pensée au quotidien. L’enjeu de cet article est de déterminer en quoi la soma-esthétique peut être comprise comme un exercice spirituel. Il s’agit de s’arrêter autant sur l’aspect théorique que sur l’aspect pratique pour comprendre en quoi le corps proposé par Richard Shusterman semble être le matériau d’un nouveau type d’exercice spirituel, en quoi la soma-esthétique dessine un mode de vie philosophique à travers le développement d’une vie esthétique.
PAVIE, X. (2024). L’expérience esthétique et les enjeux du corps comme exercices spirituels contemporains, le cas Richard Shusterman. Appareil, (27).