Année
2012
Abstract
L’architecture des bâtiments influence les relations de travail et les pratiques organisationnelles. Le cas de l’architecture peut être étendu à d’autres systèmes instrumentaux complexes qui contraignent et habilitent, non seulement l’activité d’équipes locales, mais aussi des processus d’organisation inter-fonctionnels. L’article explore la contribution potentielle des recherches sur la « sociomaterialité » à l’analyse de tels “instruments architecturaux” (ex. logiciels de gestion intégrés ou « ERP »). Il suggère qu’il leur manque une théorie de l’activité collective, qu’il propose de conceptualiser comme production collective de sens à travers des interactions dialogiques médiatisées par des signes triadiques, en s’inspirant des auteurs pragmatistes. Au-delà des diverses classes d’instruments médiatisant l’action, la médiation fondamentale est fournie par le répertoire culturel des habitudes, qui rendent les actes situés reconnaissables, discutables, et les relient à la culture. Les habitudes sont au cœur de la répétition adaptative. Lorsqu’elles sont perturbées par des situations inattendues, elles déclenchent des enquêtes qui les reconstruisent. L’itération habitude/enquête configure le récit polyphonique de ce que les acteurs font ensemble, agencé par des cadres narratifs implicites, des « architextures », par exemple les cadres spatio-temporels ou des personnages types. Les instruments architecturaux sont « architecturaux » parce qu’ils sont « architextuels », c. à d. qu’ils instancient des cadres narratifs implicites dans l’activité quotidienne. Cette approche est illustrée par deux cas: la mise en œuvre d’un ERP dans une compagnie d’électricité et une procédure informelle destinée à gérer les modifications de produit dans une société aérospatiale.
LORINO, P. (2012). Management Systems as Organizational « Architextures »: The Tacit Narrative Frames of Collective Activity. ESSEC Business School.