Année
2012
Auteurs
LAMIRAUD Karine, DORMONT B., GEOFFARD P.-Y.
Abstract
De nombreux pays ont introduit des mécanismes concurrentiels en assurance maladie, tout en instaurant une régulation pour éviter la sélection des risques et garantir une solidarité entre malades et bien portants. Le modèle de la « concurrence régulée » est ainsi appliqué pour l’assurance maladie de base en Suisse, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Israël. Il inspire la réforme de l’assurance maladie aux Etats-Unis. Pour analyser le fonctionnement d’un tel système, on considère le cas de la Suisse, en s’intéressant aux interférences potentielles entre le marché des assurances supplémentaires et la concurrence sur le marché de l’assurance de base. L’organisation actuelle de l’assurance maladie en France diffère de celle du système Suisse. Mais la question d’une régulation du marché des assurances complémentaires pourrait être posée à terme. Douze ans après l’introduction de la concurrence régulée, les résultats observés en Suisse sont décevants. Alors que pour un même contrat les écarts de primes constatés entre les compagnies d’assurance peuvent être très importants, la proportion d’assurés qui changent de caisse reste faible. Tout se passe comme si les assurés ne faisaient pas jouer la concurrence. Notre analyse montre que la faible mobilité des assurés résulte de la co-existence de deux marchés d’assurance maladie soumis à des règles différentes : le marché de l’assurance de base, où la sélection des risques est interdite, et celui de l’assurance supplémentaire, où elle est autorisée. Les estimations montrent que la propension à changer de caisse est beaucoup plus faible chez les détenteurs d’une assurance supplémentaire qui estiment que leur santé n’est pas excellente. Le droit de sélectionner les candidats à la souscription pour l’assurance supplémentaire nuit à la concurrence sur l’assurance de base.
DORMONT, B., GEOFFARD, P.Y. et LAMIRAUD, K. (2012). Assurance maladie en Suisse : l’assurance supplémentaire nuit-elle à la concurrence sur l’assurance de base ? Économie et Statistique, pp. 71-87.